Marie-Éva de Villers, une fine observatrice de la langue

Marie-Éva de Villers

Présidente d’honneur du concours Mérites rédactionnels 2017

Auteure du Multidictionnaire de la langue française, vendu à plus d’un million d’exemplaires, Marie-Éva de Villers a publié plusieurs ouvrages sur la langue qui sont devenus des outils indispensables pour toute personne œuvrant en rédaction. Récipiendaire de nombreux prix, dont le Prix Georges-Émile-Lapalme (Prix du Québec 2006), elle est reconnue pour sa contribution exceptionnelle à la qualité et au rayonnement du français au Québec. Elle est chevalière de l’Ordre national du Québec et membre de l’Ordre du Canada.

Charles Allain, rédacteur agréé, membre de la SQRP, s’est entretenu avec Mme de Villers.

 

Quels sont vos projets actuels? Avez-vous un nouvel ouvrage en préparation?

Je prépare actuellement Mon Premier Multi, un dictionnaire de 12 000 entrées destiné aux jeunes de 5 à 10 ans. Largement illustré, il sera publié par les Éditions Québec Amérique au printemps 2018. Comme ses prédécesseurs, cet ouvrage de la famille du Multi comprendra non seulement des définitions, mais aussi des tableaux sur le vocabulaire et la grammaire ainsi que des modèles de conjugaison afin de vulgariser et de faciliter le bon usage de la langue française chez les jeunes.

 

Comment se porte le français au Québec en 2017?

Vous me posez là une vaste question à laquelle on ne peut répondre qu’avec beaucoup de nuances. Je constate qu’une plus grande partie de la population maîtrise mieux les registres élevés de la langue, mais qu’en revanche, les communicateurs des médias recourent de plus en plus à un niveau de langue très familier afin de rejoindre plus aisément leurs publics, prétendent-ils. Cette dichotomie étonnante est exactement le contraire de ce qui existait auparavant : traditionnellement, les communicateurs publics utilisaient un français plus soutenu, alors que le public avait recours à un français plus familier…

 

Quels conseils donneriez-vous pour améliorer ses compétences rédactionnelles?

D’abord, celui de continuer à enrichir son vocabulaire en cherchant constamment à apprendre de nouveaux mots. La langue française n’en manque pas! Un vocabulaire plus étendu permet de rédiger plus précisément et de façon plus variée.

Les rédacteurs et les rédactrices qui travaillent dans des domaines très spécialisés doivent constamment actualiser leurs connaissances en ce qui a trait à la terminologie de leur domaine. À cette fin, ils ne doivent pas hésiter à se créer des banques terminologiques sur mesure pour bien posséder leur langue de travail.

Enfin, pour parfaire son style et maîtriser toutes les facettes de la langue, un des meilleurs moyens consiste à s’imprégner d’œuvres littéraires et à lire des textes de bonne tenue comme ceux du journal Le Monde, par exemple. Les articles y sont si bien écrits que cela ne peut être qu’inspirant et motivant pour quiconque veut s’améliorer.

 

Vous devez être une grande lectrice. Que lisez-vous en ce moment?

La femme qui fuit, d’Anaïs Barbeau-Lavallette, m’a beaucoup intéressée, aussi bien par l’histoire qui y est racontée que par sa forme, très vivante et achevée. J’ai aussi lu et aimé Mãn, de Kim Thuy. Sur ma table de chevet, il y a Un fauteuil sur la Seine. Quatre siècles d’histoire de France, d’Amin Maalouf, La fabrique des mots, d’Érik Orsenna, et Palmyre, l’irremplaçable trésor, écrit par Paul Veyne. Comme vous le voyez, mes goûts sont éclectiques, mais, on le comprendra aisément, les livres qui traitent de la langue française m’intéressent tout particulièrement.

 

Lisez aussi les entrevues avec les lauréates des éditions précédentes du concours :

Participer aux Mérites est un exercice très gratifiant – Lucie Fauteux, grande lauréate 2015

Les technologies numériques transforment les métiers en rédaction – Diane Stehlé, grande lauréate 2013

Les Mérites, un excellent tremplin sur le marché – Sylvie Goulet, grande lauréate 2011

 

Pour en savoir plus sur le concours, visitez la section Mérites rédactionnels de ce site.