LA SQRP | Il était une fois… mon examen d’agrément

Par Patricia Keroack. réd. a.

Le grand jour

Il faisait un froid glacial ce matin de février 2013 alors que je me pressais vers les locaux du CRIQ situés dans le quartier Parc-Extension. J’avais tout prévu! Ma valise contenait plusieurs dictionnaires, quelques manuels et guides de grammaire et de rédaction, une grande quantité de stylos à bille (on ne sait jamais!), un assortiment complet de surligneurs et de petits autocollants, du papier à profusion et ma grande nervosité! Inutile de dire combien j’avais mal à l’épaule à force de traîner tout ce matériel qui, je le croyais, allait m’aider à écrire cet examen. Je n’avais aucune idée de ce qui allait se passer, je ne savais pas si j’avais le bagage et les outils nécessaires pour décrocher ce titre si convoité.

 

Et c’est parti!

Sur place, malgré la trentaine de candidats présents, je me sens bien seule! Je suis certaine que je n’y arriverai pas! La responsable de l’examen, Josée Boudreau (une réd. a.!) est d’un calme inouï. Elle nous explique le déroulement, nous distribue des enveloppes et le matériel d’examen. Je dois avoir encore le cerveau gelé de mon parcours dans ce froid sibérien, je n’arrive pas à me concentrer, comme si tout l’Univers avait décidé de me faire perdre mes moyens. Mon cœur bat la chamade, je dois me calmer et arriver à lire tous les documents qui m’ont été fournis. J’aurais aimé avoir un peu de calme autour de moi pour me permettre de reprendre mes esprits, mais le cliquetis des claviers devient de plus en plus fort, les autres ont déjà entamé leur examen! C’est la panique!

Mais non! Je décide de lire, trois fois plutôt qu’une, la feuille d’examen et les consignes s’y rattachant. Le directeur général de l’école Polytechnique veut avoir une lettre qui inciterait les jeunes cégépiens à choisir le génie comme carrière, qui plus est, de s’inscrire à Poly, comme le dit si bien l’usage populaire. Je n’ai pas fait Poly, je ne connais rien à Poly, mais comme tout bon communicateur, je dois trouver comment devenir le meilleur ambassadeur de cette vénérable institution. Certains mots-clés résonnent enfin dans ma tête, et je commence frénétiquement à lire la documentation fournie en appliquant à la lettre ma stratégie de classement, jaune pour intéressant, rose foncé pour important. Je réalise que ces petits coquins de responsables de l’examen m’ont donné plus de matériel que nécessaire. Une fois de plus, je relis les consignes, puis je dresse un plan de travail. Certaines recherches sur Internet s’avèrent nécessaires : le nom officiel de l’établissement, sa mission et sa vision. Je m’imprègne de toute la documentation pour mener ce mandat au meilleur de mes capacités.

En quelques minutes, mes doigts avaient pris une cadence qui me permettait de réfléchir et d’agir de façon coordonnée (je déteste ces instants où mes doigts trépignent d’impatience quand mon cerveau travaille encore sur un concept ou cherche le mot ou l’expression idoine).

Ouf! Je décèle un piège dans la documentation fournie. Avoir rapporté ces informations m’aurait sans doute enlevé des points, peut-être m’auraient-ils causé un échec. Je constate tous les jours que le succès dépend toujours de la compréhension que l’on a du sujet traité, que ce soit au travail ou pour un examen comme celui de la SQRP.

C’est fait…

Je termine l’examen avant la fin du temps imparti, ce qui me permet de me relire, une, deux, même trois fois. Je suis assez satisfaite du résultat même si, pendant plusieurs semaines, je pense à ce que j’aurais pu ajouter, ce que j’aurais pu dire autrement. J’aurais pu passer un temps fou à revoir le champ lexical de plusieurs mots, de jouer sur certains concepts, mais je sens que ce ne serait pas approprié pour ce mandat. Ai-je tort ou ai-je raison? D’autres candidates me disent avoir pris le temps de le faire alors que l’on marche ensemble vers le métro. J’ai ressenti une profonde déprime. Je n’avais aucune idée si je réussirais cet examen ou non, les autres étant bien meilleurs que moi, n’est-ce pas?

… et c’est réussi!

L’attente du résultat m’a semblé interminable, mais quelle joie ai-je ressentie lorsque la réponse est arrivée. Un bonheur que j’ai partagé avec ma famille et quelques personnes de mon entourage professionnel. Désormais, j’allais enfin être reconnue pour mes compétences rédactionnelles!

Détenir le titre de réd. a. ne m’a pas apporté la gloire ou d’avantages pécuniaires, mais il m’a permis de présenter mes travaux et textes avec une assurance que je n’avais pas avant. J’aime voir la réaction des clients et employeurs potentiels lorsque j’ouvre mon portfolio où mon nom suivi de réd. a. est bien visible.

 


Patricia Keroack participe à la préparation, la tenue et la correction de l’examen d’agrément depuis plusieurs années, en collaboration avec la responsable de l’agrément, Renée Senneville. Elle a été conseillère en communications et responsable des éditions chez Fédération des médecins spécialistes du Québec de 2006 à 2019 et travaille comme pigiste depuis.