Par Martine Grenier, réd. a., rév.
Connaissez-vous l’orthographe rectifiée? L’utilisez-vous? Lorsque je pose cette question à mes clients ou aux participants des formations que je donne, je constate que peu de gens connaissent ou même utilisent les nouvelles graphies de la langue française. Pourquoi? Serait-ce parce que le changement fait peur? En fait, il faut comprendre que notre langue est riche et complexe et que les exceptions abondent. Alors, lorsqu’on suggère de revoir notre façon d’écrire quelque 5 000 mots, il est facile d’en perdre son latin.
Mais pourquoi devrait-on adopter l’orthographe rectifiée, vous demandez-vous?
Parce que la langue évolue
Darwin disait : « Les espèces qui survivent ne sont pas les plus fortes ni les plus intelligentes, mais bien celles qui s’adaptent aux changements ». Chaque année, de nouveaux mots entrent dans les dictionnaires reflétant les tendances et réalités de notre société (flexitarien, hypersexualisation, féminicide, etc.). Si la société évolue, ses mots doivent la suivre! Pensez simplement au terme « clef » qui s’écrit aussi « clé ». De nos jours, on peut encore écrire une « clef de sol », mais écririez-vous une « clef USB »?
Les rectifications de l’orthographe ont été adoptées pour simplifier certaines graphies ou supprimer des anomalies, des exceptions et des irrégularités de l’orthographe française. C’est sûr qu’il est difficile de concevoir le mot « igloo » avec un « u » (iglou), mais il faut comprendre que le son « ou » en français s’écrit « ou » et non « oo ». Ce dernier provient de l’anglais. Alors pourquoi n’écrirait-on pas « zoo » avec un « u » en orthographe rectifiée? Parce qu’il faut prononcer ce mot avec une finale en « o ». On parle d’un jardin zo-o-logique, alors on écrit « zoo » en orthographe traditionnelle comme en orthographe rectifiée.
Bien sûr, ces changements en font sourciller certains. Sachez toutefois qu’il y a une explication pour chaque changement proposé. On a enlevé le « i » à « ognon » pour corriger une anomalie et on a ajouté un deuxième « r » à « charriot » pour l’harmoniser avec les mots de sa famille. Enfin, « nénufar » a retrouvé son « f ». La forme avec un « ph » était une erreur étymologique intégrée possiblement en 1935.
Pour une plus grande cohérence
Ces nouvelles graphies sont regroupées selon sept grandes règles :
- les accents et le tréma
- le trait d’union et la soudure
- le pluriel régularisé
- le participe passé du verbe « laisser »
- les anomalies
- la simplification des consonnes doubles
- les recommandations générales
Il y a, bien sûr, de nouvelles exceptions, mais elles sont beaucoup moins nombreuses qu’en orthographe traditionnelle. Et il faut savoir que les rectifications ne s’appliquent pas aux noms propres ni aux marques de commerce.
Intégrées dans les outils de référence
Depuis 15 ans, la plupart des dictionnaires et outils de référence linguistiques ont intégré les nouvelles graphies. Il est même possible de régler Antidote, selon l’orthographe rectifiée. De plus, le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Québec reconnait la nouvelle orthographe. Un élève ou un étudiant peut alors écrire un texte en orthographe traditionnelle ou rectifiée sans être pénalisé. Bien sûr, la maitrise croît avec l’usage.
Pour en savoir plus, visitez le www.orthographe-recommandee.info ou procurez-vous le Grand vadémécum de l’orthographe moderne recommandée écrit par Chantal Contant, aux Éditions De Champlain.
Spécialiste des communications écrites, Martine Grenier conçoit des textes clairs et concis ou réécrit et révise divers documents professionnels principalement pour les grandes entreprises (Hydro-Québec, Ville de Montréal, etc.). Entre deux mandats, elle offre de l’accompagnement individuel en français écrit et donne des formations en entreprise.