Les réd. a. ont brillé lors du premier congrès français des langagiers!

Par Line Gosselin, réd. a.

Partenaire de Réviseurs Canada dans l’organisation du premier congrès des langagiers, tenu à Québec le 28 septembre dernier, la SQRP a vu trois de ses membres s’illustrer de belle façon lors de cette journée inspirante. Cet événement rassemblait des professionnels de la rédaction, de la révision et de la traduction, ainsi que des étudiants et des passionnés de la langue. Son titre, prometteur, m’est apparu comme une déclaration formelle : « S’inscrire dans le changement : une profession en prise sur son temps ».

Sandra Gravel, réd. a., idéatrice du congrès

L’idée de tenir un congrès des langagiers en français est celle de notre collègue Sandra Gravel, réd. a. depuis 2012 et conseillère francophone au sein de Réviseurs Canada jusqu’à tout récemment. Après avoir participé à plusieurs congrès nationaux essentiellement en anglais, Sandra a suggéré au conseil d’administration national de l’association d’organiser un événement en français, ce qu’il a accepté unanimement.

Le congrès s’est tenu à l’Université Laval, entre les murs du Pavillon Louis-Jacques-Casault, ancien Grand Séminaire et lieu empreint d’histoire. Ce bâtiment, aux allures singulières, est la dernière réalisation d’envergure de l’architecte Ernest Cormier.

Le français et la vague numérique : un état des lieux

La journée s’est ouverte sur une table ronde animée par Isabelle Clerc, professeure au Département d’information et de communication et directrice du Département de révision et rédaction professionnelle de l’Université Laval. Intitulé « Écrire correctement en français, est-ce encore nécessaire à l’ère numérique », ce panel réunissait des actrices et acteurs de différents domaines, mais tous soucieux de l’état du français.

Aux côtés de Nathalie Bonsaint, conseillère-linguistique et terminologue à Radio-Canada, de Frédérick Gagné, terminologue expert à l’OQLF, et de Gilles Herman, éditeur et directeur général aux éditions du Septentrion, nos collègues Dominique Bohbot et Josée Boudreau ont discuté de la situation du français dans le contexte du « tsunami » numérique.

Animée par le désir de promouvoir le métier de langagier, Dominique Bohbot, experte-consultante et responsable – formation professionnelle à l’Université de Montréal, a esquissé une cartographie des multiples perspectives. Des conférences au développement des affaires en passant par la veille stratégique et la gestion documentaire, elle a mis en lumière certains champs d’expertise auxquels on pense rarement. Rédactrice agréée depuis 2010, Dominique a d’ailleurs invité les quelque cent personnes participantes à mettre à jour le bilan de leurs compétences de façon régulière, notamment sur LinkedIn. « Il faut briller, mais pas briller par notre absence! », a-t-elle lancé à l’auditoire.

Une invitation à devenir des ambassadrices et ambassadeurs passionnés

Au cours de sa présentation, Dominique nous a aussi conviés à devenir de véritables ambassadeurs des métiers langagiers. Elle-même exerce ce rôle dès que l’occasion se présente. Sa stratégie : prendre la parole devant des professionnels de domaines divers et promouvoir le rôle du langagier dans l’expansion des affaires et la croissance des entreprises. En fin de séance, elle a par ailleurs encouragé la relève à prendre conscience de sa plus-value comme experts.

Josée Boudreau, chargée de communications à la Ville de Montréal et rédactrice agréée depuis 2009, a d’entrée de jeu dressé ce constat : la portion rédaction de son métier s’amenuise peu à peu. De plus, avec l’explosion des réseaux sociaux, elle constate que ses collègues et elle doivent se soucier davantage des statistiques, du taux d’engagement, des mentions « J’aime » sur chaque publication, du choix des émoticônes à adjoindre aux messages, que du message lui-même. Les spécialistes des communications visent plus que jamais le cœur plutôt que le cerveau, selon elle.

Suivant la même ligne de pensée que sa collègue Dominique, Josée nous enjoint à devenir des ambassadrices et ambassadeurs de la langue et à produire, par nos actions, un effet bénéfique sur les autres et leur usage du français. Avec une jolie formule, elle a soutenu que « la langue n’est pas arrivée », puisqu’elle est en constante transformation. Il importe donc, selon ses mots, de « prendre acte de la langue, dont nous ne sommes pas les geôliers », afin « d’être des acteurs du changement et pas seulement des spectateurs ». Véritable actrice de son domaine, Josée fera d’ailleurs paraître un livre, cet automne, qui saura intéresser plusieurs d’entre vous le : Guide impertinent du rédacteur.

Enfin, de l’avis de Josée Boudreau, les contraintes de l’ère numérique peuvent stimuler la créativité. Voilà une façon inspirante d’embrasser les défis liés à la mutation de nos contextes de travail.

Et le volet collaboratif du métier langagier dans tout cela?

Rédactrice passionnée, consultante et auteure en écrits d’affaires, Sandra Gravel a présenté la conférence-atelier « Le langagier-collaborateur : un rôle à découvrir », en plus de chapeauter l’organisation du congrès d’une main de maître.

Devant une salle comble, Sandra a proposé de réfléchir au rôle collaboratif des langagiers à partir d’exercices pratiques. Au-delà de nos fonctions habituelles, soit de rédiger, de réviser et de traduire, qui peuvent être éphémères, s’ajoute celle de contribuer à l’image de marque de nos employeurs ou de nos clients. Et ce rôle permet une présence plus marquée des langagiers que nous sommes au sein des équipes de travail, selon Sandra.

La plus-value des langagiers

Dans une optique de dégager ce que Dominique Bohbot a appelé notre « plus-value », Sandra a aussi proposé de dresser la liste de nos connaissances qui gagneraient à être partagées. Une panoplie intéressante a été établie :

  • Culture générale
  • Techniques de communication
  • Maîtrise des ouvrages de référence
  • Recherche documentaire
  • Utilisation des outils pratiques et des logiciels consacrés à la langue
  • Vulgarisation
  • Médiation
  • Gestion de projet

En guise de conclusion, Sandra a mis l’accent sur la riche contribution que nous pouvons apporter au travail d’autres personnes sans entrer en compétition avec elles, mais plutôt en tenant une position complémentaire.

Ce congrès, événement historique à plusieurs égards, a permis de faire le point et de réfléchir à la situation de la profession langagière à la veille de 2020. Pour ma part, j’en suis ressortie avec une foule d’idées pour propulser mon rôle de réd. a. et une envie folle de diffuser l’importance et la valeur de mon métier!

 


Merci à Denise Tousignant, rév. a., qui a généreusement contribué à ce texte.

Line Gosselin, M. A., réd. a., est secrétaire du conseil d’administration de la SQRP et langagière pigiste depuis 2014. Après avoir mené des études avancées en histoire à Montréal (UQAM) puis à Paris (EHESS), elle a été propriétaire d’une PME florissante pendant dix ans. Rédactrice pour le Web et réviseure linguistique, elle assure des mandats liés à des domaines variés, toujours avec la même rigueur.