Par Sandra Cusson, M. Ps., réd. a.
À la fin des années 60, le psychologue du travail Frederick Herzberg, surtout connu pour ses écrits sur l’enrichissement des tâches pour les travailleurs, élaborait une théorie suggérant que la satisfaction et l’insatisfaction au travail étaient deux concepts liés à des éléments distincts. Ainsi, la satisfaction au travail serait liée à des facteurs comme la qualité du travail, la reconnaissance reçue, le sentiment d’accomplissement, les responsabilités, les possibilités d’avancement et de croissance personnelle. D’autre part, l’insatisfaction serait plutôt liée à ce que l’on nomme des facteurs « d’hygiène », c’est-à-dire les conditions de travail, les politiques organisationnelles, la supervision reçue, le salaire, le statut et la sécurité d’emploi.
Paradoxalement, un individu peut donc se trouver à la fois très satisfait et très insatisfait dans son travail!
Certaines caractéristiques propres aux travailleurs autonomes
Le choix de travailler à son propre compte est souvent lié à certaines caractéristiques personnelles comme un fort besoin d’accomplissement et une propension à travailler fort afin de produire de la qualité avec un minimum de supervision. Ce qui revient à dire que a plupart des pigistes sont assez bons pour s’occuper de la première catégorie de facteurs, soit ceux qui sont liés à la satisfaction – croissance personnelle, responsabilités, accent sur la qualité, etc.
Pour beaucoup de travailleurs à la pige, les défis se situeront plutôt du côté des facteurs d’hygiène, puisqu’ils ne possèdent généralement ni sécurité d’emploi, ni garantie de salaire, stabilité des conditions de travail, du statut, etc. D’où l’importance de ne pas négliger ce type de facteurs et de voir à ce que ses propres besoins de base soient satisfaits.
À chacun de voir à ses propres besoins
Bien sûr, le degré de tolérance varie d’un individu à l’autre mais rares sont les individus qui peuvent se passer totalement de collègues de travail ou d’un certain niveau de sécurité financière. Et puisqu’aucun employeur ne viendra prendre en charge les besoins du pigiste, c’est donc à l’individu d’investir dans ce type de facteurs, au même titre qu’il consacre des efforts à maintenir à jour ses compétences professionnelles, par exemple.
Prendre soin de ses besoins de base, ça peut vouloir dire de se bâtir un réseau de contacts professionnels incluant non seulement des clients mais aussi des collègues avec qui l’on pourra échanger. Certains verront aussi la nécessité de se donner un cadre physique de travail, comme l’aménagement d’un bureau ou autre espace réservé aux activités professionnelles ou encore, de s’imposer un horaire de travail régulier et bien délimité dans le temps. Ça peut aussi vouloir dire accepter de vivre un peu en dessous de ses moyens, afin de s’assurer de disposer d’un coussin financier. Il n’existe bien sûr pas de formule idéale mais prendre le temps d’identifier l’ensemble de ses besoins et travailler à trouver des moyens d’y répondre de manière adéquate est un exercice essentiel, qui peut s’avérer fort payant à long terme. Et puisque nos besoins peuvent évoluer avec le temps, c’est sans doute une bonne idée de refaire cet exercice à intervalles réguliers.
Sandra Cusson est psychologue organisationnelle et rédactrice agréée de la SQRP. Possédant de nombreuses années d’expérience dans les domaines de la consultation, de la recherche et du développement de contenus, elle offre maintenant ses services en tant que rédactrice à la pige.