LE MÉTIER | Garder le moral

Par Sandra Cusson, M. Ps., réd. a.

On a beau savoir que les moments forts alternant avec les périodes creuses font partie intégrante de la vie du travailleur autonome; on a beau avoir fait ce qu’il faut afin de se doter d’un réseau de collègues sur lesquels on pourra compter en cas de débordement et que l’on aidera avec plaisir dès que l’occasion se présentera; la nature humaine étant ce qu’elle est, bien peu d’entre nous pourraient, sans mentir, affirmer être tout à fait imperméables aux dents de scie qui caractérisent la vie du travailleur à la pige.

Les différents visages de l’inconfort

Selon la situation et le tempérament de chacun, l’inconfort peut se situer à divers plans : la crainte de ne pas avoir assez de revenus, une image de soi qui peut se ternir lorsque les mandats tardent à entrer, parfois la présence d’un certain sentiment d’incompétence, voire de rejet… ou un peu de tous ces ingrédients mélangés!

Éviter les attentes irréalistes

Dans un premier temps, il faut doser ses attentes.  Les attentes créent de l’anxiété, en particulier lorsqu’elles sont irréalistes!  Et s’attendre à de beaux mandats qui se succéderont avec régularité et à long terme, c’est bien sûr irréaliste pour un travailleur à la pige.  Pour s’aider, on peut adopter une vision « probabiliste » de la vie, cette dernière étant une chose fondamentalement incertaine…

Quelques exercices tirés de la psychologie

Dans les faits, faire l’exercice de passer en revue les dix dernières années de sa vie est un excellent moyen de réaliser que rien n’est sûr, qu’à peu près rien n’est permanent et que les bonnes et les mauvaises surprises surviennent généralement lorsque… l’on ne s’y attend pas!

Un autre exercice pouvant parfois s’avérer fort bénéfique : évaluer sa propre situation sur une échelle de 1 à 10, puis la comparer à celle du voisin… Qui a dit que lorsqu’on se compare, on se console, déjà?

Demeurer occupé!

Une deuxième catégorie de moyens de préserver l’intégrité de son moral consiste à s’assurer de demeurer raisonnablement occupé. Pour certains, accomplir des tâches utiles mais que l’on remettait à plus tard (laver les fenêtres, par exemple), aura un effet bœuf sur le moral. Pour d’autres, le fait de consacrer quelques heures par jour à développer ses compétences professionnelles (via des lectures, des apprentissages ou du bénévolat, par exemple) ou à poser des gestes concrets en vue de développer de futures affaires sera la voie royale afin de se redonner du pep! La clé est de faire des essais, d’observer ses propres réactions et de choisir ce qui nous fait davantage de bien.

Se bâtir un coussin financier

Je ne saurais terminer sans un mot sur l’importance de se constituer et de conserver un coussin financier qui enlève beaucoup de stress sur nos épaules.  Pour ma part, j’ai depuis longtemps adopté la simplicité volontaire (Serge Mongeau et le Réseau québécois pour la simplicité volontaire, ça vous rappelle quelque chose?) et peu importe que je sois « entre deux mandats » ou que je décroche un contrat payant, mon mode de vie de change pas; il demeure en-dessous de mes moyens!

 


Sandra Cusson est psychologue organisationnelle et rédactrice agréée de la SQRP.  Possédant de nombreuses années d’expérience dans les domaines de la consultation, de la recherche et du développement de contenus, elle offre maintenant ses services en tant que rédactrice à la pige.

www.sandracusson.com